La Tunisie a lancé une campagne de promotion de son Plan de développement 2016-2020.
Un schéma de développement ambitieux qui vise à faire des investissements un pilier de croissance et une arme pour lutter contre les disparités régionales. Selon les prévisions, les investissements globaux du plan atteindront 120 milliards de dinars dont 45 MD d'investissements publics, 57 MD d'investissements privés locaux et 18 MD comme investissements directs étrangers.
Le schéma de développement prévoit entre autres la réalisation d’un taux de croissance de 5% (2016-2020), une hausse de 25% du taux d’investissement et une croissance des exportations de 6%.
L’ONG "Solidar Tunisie" a présenté mardi 19 juillet les résultats d’une étude critique sur les orientations de ce plan de développement qui tend à pallier les insuffisances et les défaillances des schémas de développement de Ben Ali.
Peu d’indicateurs quantitatifs
"Solidar Tunisie constate que le diagnostic qui fonde ces réformes est le plus souvent qualitatif et comporte peu d’indicateurs quantitatifs". De fait, Mme Salma Zouari, l’auteur de l’étude propose de compléter le plan d’action par un calendrier clair de mise en œuvre des réformes préconisées et par une batterie d’indicateurs de progression et un suivi des objectifs.
Solidar appelle, par ailleurs, à corriger certains chiffres et graphiques erronés et de compléter l’analyse en identifiant les causes internes de la dégradation de la conjoncture nationale.
Des IDE en deçà des espérances
L’étude intitulée "Plan de développement: réformes, investissements, commerce extérieur et emploi: une lecture critique" épingle l’insuffisance du volume d’investissement prévu.
Une enveloppe de 120.000 MD qui ne permet pas de rattraper le retard accumulé entre 2011-2015: "Pour Solidar Tunisie le rythme des investissements prévu n’est pas suffisant pour rééquilibrer le développement du territoire national. De même, les IDE prévus sont en deçà des efforts annoncés de diplomatie économique".
En effet, une enveloppe de 18MD est prévue pour les IDE, soit 15% du total des investissements prévus par le plan quinquennal. "Les investissements des entreprises restent frileux et ne concordent pas avec le rôle qu’attribue le plan au secteur privé", note l’auteur de l’étude.
Faiblesse de l’épargne nationale
Outre les freins prosaïques paralysant les investissements, Solidar met l’accent sur la faiblesse de l’épargne nationale. Un ratio de 17,7% du PIB estimé pour la période 2016-2020. "Cet objectif reste difficile à atteindre compte tenu de l’irréversibilité de certaines dépenses notamment les dépenses salariales, sachant que les effectifs de l’administration déjà pléthoriques continueront à croître à un rythme de 1,8% par an", souligne l’étude qui met en exergue la relation de cause à effet entre l’ampleur des besoins de financement de l’économie et la baisse des efforts d’investissement.
Au niveau sectoriel, l’auteur de l’étude met l’accent sur l’insuffisance des investissements prévus dans le secteur manufacturier mais aussi dans le secteur agricole: "Les investissements prévus dans le plan seraient sous-estimés pour les industries agroalimentaires, pour les matériaux de construction, pour les industries mécaniques et électriques et pour les télécommunications. Il convient d’impulser davantage les investissements dans les niches spécifiques qui ont un potentiel de montée en gamme dans les chaînes de valeurs internationales", propose Mme Zouari.
Une économie nationale de plus en plus fermée à l’horizon 2020
En ce qui concerne la place qui incombe au commerce international, l’étude fait montre de la poursuite de la tendance baissière du taux d’exportation et du taux d’importation.
Le taux d’ouverture de l’économie nationale passerait dès lors de 104,1% en 2010, à 82,3% à l’horizon 2020 contre 89,6% en 2015.
"L’économie nationale serait en voie de devenir de plus en plus fermée à l’horizon 2020. Ainsi la croissance projetée des biens échangeables est insuffisante pour aboutir à une expansion du commerce international formel capable de contribuer positivement à la croissance", indique le rapport.
Au niveau des emplois, le plan prévoit la création de 400.000 emplois et de ramener le taux de chômage à 12% contre 15,4% actuellement. Pour Solidar Tunisie, l’accroissement projeté de la productivité du travail, soit 1,8% par an reste limité et en deçà de son niveau d’avant 2011.
"Ainsi, le schéma de développement porté par le plan ne révèle pas une nette transformation de l’appareil productif vers des secteurs à forte valeur ajoutée et ne serait pas en mesure de créer des emplois de qualité suffisants pour répondre aux attentes des diplômés de l’enseignement supérieur", conclut l’étude.
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