La subvention énergétique a, souvent, constitué un fardeau pesant sur la caisse nationale. Son rôle dépasse l’idée que s’en fait le Tunisien, et va au-delà de l’essence à la pompe ou le gaz combustible pour les ménages. En considérant la subvention directe des transports à travers la subvention des carburants, et en rajoutant la subvention de l’électricité, on réalise que la quasi-totalité des secteurs économiques (agriculture, pêche, industrie manufacturière, industrie lourde, transports publics ou privés, et services en tout genre) se trouvent indirectement sinon directement subventionnés.
Ceci explique le risque qu’encourt notre économie, et le séisme auquel elle devra faire face si l’on décide, un jour, de lever subitement cette subvention. Le malheur est que cela ne risque pas de se passer dans des conditions « ordinaires », mais que cela pourrait être imposé par des pressions budgétaires exceptionnelles, risquant ainsi de faire éclater une bulle déjà assez enflée.
Pour bien comprendre la problématique de la subvention énergétique, il faut tout d’abord sortir des clichés usuels qui abritent l’esprit du Tunisien à chaque fois que l’on cite les mots : subvention ou pétrole.
Prix de pétrole dans le monde vs.prix du plein en Tunisie
Une réalité méconnue par les Tunisiens est que les prix des hydrocarbures à la pompe dans notre pays sont parmi les plus bas au monde. La liste des pays qui vendent les produits pétroliers moins chers que la Tunisie est presque exclusivement constituée de pays de l’OPEP (Venezuela, Pays du Golfe, Libye, Algérie…) ! A titre d’exemple, le litre d’essence à la pompe en Tunisie (0.82 $) est aujourd’hui vendu 40% moins cher que le cours mondial (1,1 $ environ), voire même 50% moins cher du prix affiché à la pompe en France ou en Turquie !Les écarts sont encore plus grands pour le diesel à la pompe.
Outre le diesel et l’essence, c’est l’énergie sous toutes ses différentes formes qui est largement subventionnée en Tunisie :le GPL, le fuel-oil, le pétrole lampant et surtout l’électricité.
Les prix sont alors administrés en vue d’assurer une couverture générale, aussi bien pour le citoyenque pour les entreprises.
La balance énergétique représente la différence entre la production d’énergie primaire locale, et les besoins, traduits en quantités d’énergie consommées. Lorsque la balance énergétique est négative, la différence est assurée par l’importation de l’énergie de l’extérieur.
Etant donné que les hydrocarbures (énergie primaire essentielle en Tunisie) sont importés aux prix internationaux et en devises, et que la vente locale se fait aux prix préalablement administrés par l’état et en dinar tunisien, le portefeuille énergétique est d’une part alourdi par les charges de la subvention, mais il devient également très sensible,aussi bien aux fluctuations du cours du dinar, qu’aux cours internationaux des hydrocarbures.
On évalue le coût des fluctuations à hauteur de 40 Millions de Dinars pour chaque dollar en hausse du cours du baril, et 10 Millions de Dinars pour toute baisse de 10 millimes de la monnaie tunisienne face au dollar américain (Chiffres de 2013).
Consommation énergétique en Tunisie
La consommation tunisienne en énergie a toujours enregistré une augmentation régulière, corrélée au développement économique réalisé. Une règle générale dit que pour chaque 1% de croissance économique, il y a 2% d’augmentation sur la consommation énergétique, notamment d’électricité, du fait de l’industrialisation et le développement humain.
Sinon, pour le cas de la Tunisie, le transport et l’industrie restent les consommateurs principaux, justement suivis par les ménages et le secteur public (routes, administrations, hôpitaux, écoles...).
Un travail conséquent a été entrepris en Tunisie dans les années 2000 pour améliorer l’efficacité énergétique dans le pays. Cela a permis d’apporter de bons résultats au début, et pour un moment, la Tunisie figurait parmi les pays avancés en la matière. Mais en l’absence de suivi réel, l’influence de cette action a perdu son ampleur année après année.
20 millimes de moins sur le prix de l’essence, vous dites ?
Face à la fluctuation des cours internationaux du pétrole, l’Etat procède à la révision périodique des prix de vente à la pompe. Entre 2012 et 2013, les prix des produits pétroliers ont été révisés à 3 reprises ; ces révisions furent très controversées bien que -pourtant- elles ne sont même pas parvenues à couvrir la différence causée par la chute du dinar.
Ainsi, et malgré la hausse des prix du pétrole dans le monde durant cette période, et les ajustements de prix tentés par ces révisions, le prix de l’essence à la pompe par exemple a, en réalité, baissé ! Convertis en dollar américain, le prix de l’essence achetée par le Tunisien au kiosque a été de :0.94$ en 2010, 0.93$ en 2013, 0.85$ en 2014, et 0.82$ en 2015!
Ceci veut dire que-et en dépit des révisions douloureusement se répercutant sur la population- la caisse de compensation a continué à supporter davantage plus de charges.
Au cours de l’année 2015, les cours du brut avaient perdu 40% de leur valeur par rapport à 2014, mais le dinar tunisien, lui aussi, a perdu 20% de sa valeur sur la même période, et le déficit énergétique s’est,à son tour,aggravé de près de 20% !
La révision décidée avec la réduction de 20 millimes sur le prix de l’essence, n’est qu’une mesure injustifiée, politique et populiste, quine peut trouver aucune explication économique responsable. Pire encore, elle fait passer un faux message au peuple, laissant penser que la caisse tunisienne s’est allégée des charges causées par les déséquilibres dans son système énergétique, au point d’aller jusqu’à baisser les prix. Les chiffres ne se sont pourtant pas améliorés pour autant.
En 2013, la caisse de compensation a dû couvrir plus de 3 milliards de dinars, à savoir près de 7% du budget de l’état.Ces dépenses ont été effectuées aux dépens des plans régionaux de développement ou des plans d’investissements publics, et assurées par des dettes extérieures.Ce farde au était« gérable » en 2013, malgré les 100$ de moyenne du prix du brut. Cela avait quand même coûté à l’économie tunisienne deux points de croissance, pour finir l’année avec 2,4%.
Si l’on prend les résultats économiques actuels (autour de zéro pour 2015 pour des cours de pétrole autour de 50$),une hausse des prix des hydrocarbures ferait plonger le pays dans une crise profonde, une situation « ingérable » aux vues des figures de gestion actuelles.Un scénario pareil -improbable pour les prochains mois, mais assez plausible à partir de mi-2016/2017- risquerait de provoquer une sorte de choc pour les mécanismes économiques tunisiens, et imposerait des mesures radicales telles que la levée subite de la subvention, la vente d’avoirs publics ou le recours à des emprunts précipitées.
C’est dans cette optique qu’une meilleure maîtrise de notre balance énergétique est primordiale et qu’il est crucial de la protéger, au maximum, des interférences extérieures.
Pourtant, des pays comparables à la Tunisie tel que le Maroc, ne semblent pas souffrir autant de la question énergétique, et malgré qu’elle ne dispose presque pas de production pétrolière ou gazière interne.
Alors qu’est ce ne tourne pas rond avec notre politique énergétique ?
«Qui» subventionne «qui» finalement ?
Pour revenir à la subvention, et dans le conscient du Tunisien, le mot «subvention énergétique» est automatiquement lié au prix de l’essence à la pompe, et à ses majorations régulières.
En effet, la subvention énergétique sur le plan national va bien au-delà de celle des produits pétroliers soumis à la distribution. Que ce soit à travers l’électricité, le gaz, ou les produits dérivés du pétrole, elle couvre beaucoup plus d’aspects, et touche pratiquement tous les secteurs, et à différents niveaux.
Avant de parler de subvention énergétique, il faut rappeler déjà le principe de la «subvention» en soi.Pareillement, dans l’esprit de beaucoup de Tunisiens, le mot « subvention » renvoie presque automatiquement au prix du «pain»! Alors que la subvention de ce genre de produits (pain, pâtes, huiles, sucre, etc.) ne représente plus qu’une petite partie du portefeuille global de la subvention.
L’importance de la subvention aux produits de première nécessité est quasi-indiscutable lorsqu’on considère l’équilibre économique qu’elle apporte aux ménages dés hérités et à certains secteurs économiques tunisiens, fragiles, et qui seraient incapables de survivre sans cette subvention.
Et si l’on traite aujourd’hui ce sujet, c’est plutôt pour montrer l’inefficacité qui caractérise le système actuel de subvention, en particulier celui de l’énergie. Il faut prendre conscience du volume de pertes que ce système accuse au quotidien et de ces effets néfastes sur l’économie tunisienne.Il est alourdi par des charges énormes, qui lapident les fonds de l’état, alors qu’ils n’ont absolument rien à voir avec l’esprit solidaire de la subvention.
En d’autres termes, le concept de la subvention a été implémenté pour défendre un idéal d’égalité et assurer la vie digne aux citoyens plutôt démunies : « prendre aux plus riches pour assurer un minimum aux plus pauvres ».
Pourtant, sa mise en application en Tunisie a été défigurée, tellement dénaturée, que l’on ne serait point en train d’exagérer en affirmant qu’elle assure aujourd’hui un rôle complètement inverse : celui de prendre aux plus pauvres (grâce à la retenue sur salaire, les salariés constituent la source primaire des impôts et des revenus de l’état), pour donner à…tout le monde, sans plafonnement, ne faisant aucune différence entre les bénéficiaires.
Par conséquent, le système en place fait que la communauté subventionne plus -et donc donne plus- ceux qui consomment plus (hommes d’affaires, industries, hôtels, sociétés étrangères opérant en Tunisie...), donc les plus riches !
Cela aurait été défendable, si l’impact de cette politique ne serait pas si important, et s’il ne serait pas en train d’affecter d’autres responsabilités de l’état, telles que la santé publique, l’enseignement, les infrastructures ou le développement régional. Mais lorsqu’on parle de caisse de compensation en Tunisie, on parle de l’un des plus grands titres des dépenses du pays. Un pays qui peine, d’année en année, à trouver des prêts et à joindre les deux bouts de son budget.
Ce n’est certainement pas la faute du gouvernement en place, ni celle de ceux qui l’ont précédé. C’est plutôt un reliquat de mauvaise gouvernance et d’absence de planification stratégique, qui remonte à plus de 3 décennies.
Exagération ? Présentation populiste des faits ? On assure qu’il n’y a rien d’exagéré, ni de populiste; et on explicitera dans la suite les arguments qui confortent notre analyse.
Les origines du problème
La subvention énergétique a souvent constitué la part de lion du portefeuille de la subvention d’état aux produits de nécessité primaire. Elle est générale ; tout le monde en profite, particuliers ou entreprises,mais surtout, elle n’est ni rationalisée ni orientée.
En effet, la politique de subvention énergétique tunisienne a été pensée et appliquée en Tunisie depuis les années 60 et 70, et notamment lorsque le pays était enquête de développement, humain, économique et urbain.
A cette époque, la Tunisie, forte de la découverte de nouveaux gisements pétroliers tels que ceux de El-Borma ou Ashtart, produisait trois fois plus de pétrole qu’elle n’en consommait.
La tendance à la subvention convergeait également avec les politiques économiques adoptées par la Tunisie, plutôt socialistes, ainsi qu’avec l’encouragement à l’entreprenariat et l’ouverture économique des années 70.
Les crashs pétroliers de 1973 et 1980, qui ont vu les cours du brut s’envoler, alors que la Tunisie était considérée comme un «exportateur» de pétrole. Petit exportateur, certes, mais qui enregistrait un excédent sur sa balance énergétique qui lui permettait d’entreprendre une vaste campagne de développement, de construction d’infrastructures et de grand projets.Au début des années 80, on comparait le site pétrolier offshore Ashtart à un troisième poumon pour la Tunisie.
A cette époque aussi, la Tunisie a choisi d’entrer dans une dynamique d’industrialisation, pariant sur les industries légères et de transformation, ainsi que sur l’implantation d’investissements et de technologies étrangères en Tunisie, en leur offrant un nombre de mesures d’encouragement. Le faible coût des énergies en Tunisie a été parmi les options de choix pour les sociétés qui s’installaient parmi nous.
Le tourisme a connu également son apogée durant les années 70 et 80 avec,certes, un nombre moindre de touristes qu’aujourd’hui, mais une bien meilleure qualité et une nettement meilleure rentabilité du secteur.
Cela dit, en passant en revue ces donnes, on peut donner raison à la plupart des approches entreprises durant cette période au niveau de la politique énergétique tunisienne. Il reste que les temps ont changé, et pratiquement tous les paramètres avec!
Politiques paralysées, fuite en avant
L’excédent sur la balance énergétique a été rongé d’une année à une autre pour s'équilibrer en l’an 2000. Depuis, les tendances de baisse de la production, et de hausse de la consommation se sont accentuées, et le déficit énergétique avec.
En plus, l’absence d’une politique énergétique prévoyante et proactive a davantage renforcé la «crise énergétique tunisienne» qui commençait à se faire sentir de plus en plus durant les années 2000, pour atteindre ses deux pics en 2009, et puis en 2013.
N’avions-nous pas vu ce renversement de situation venir ? Certainement que si. Mais au lieu d’apporter une réponse à la hauteur des défis, on a préféré « la fuite en avant ».
Pour des raisons de « petits calculs » politiques, les gouvernements de l’ère Ben Ali avaient toujours évité de s’attaquer au chantier de la caisse de compensation en général, souvent perçue comme étant une potentielle source de mécontentement social. De plus, la politique de subvention du prix de l’énergie a toujours été utilisée comme un outil de soutien aux secteurs en difficulté.
Il faut reconnaître que le gouvernement de 2013, sous la pression des cours de brut du moment, s’était penché sur la question et avait commencé par l’établissement de mesures réformatrices (tel que la suppression de la subvention en énergie primaire pour les cimenteries, ou la révision de la taxation sur les voitures selon leur consommation en énergie). Mais ces actions sont demeurées insuffisantes et ont souvent manqué de pertinence, alors que certaines mesures furent tout simplement et rapidement avortées.
Autrement, aucun changement significatif n’a été apporté sur notre politique de subvention à l’énergie depuis le temps, et malgré les changements radicaux qui ont survenu sur la question de l’énergie, aussi bien au niveau interne que sur le plan international.
En d’autres termes, passées les années 60 et jusqu'aux années 2010, nous sommes restés dans le modèle libyen ou algérien de subvention aux hydrocarbures ; alors qu’entre temps, nous sommes passés du rang d’exportateur de pétrole, à celui d’un pays au déficit conséquent!
Il ne fait aucun doute que la planification stratégique en matière d’énergie en Tunisie a fait défaut. Ceci se manifeste par un nombre de choix qui était en décalage, par des opportunités manquées, ou des retards accumulés sur la transition énergétique (par l’identification ou par le développement d’énergies alternatives).
Entre Subvention et gaspillage
Tout le monde dispose d’une subvention à sa consommation énergétique, que ce soit en électricité ou en produits hydrocarbures finis. Même les secteurs les plus « énergivores »bénéficient de la subvention : industriels, hôteliers, et mêmes les sociétés pétrolières !
Logiquement, industriels et hôteliers ne font pas partie des tranches « concernées » par la subvention. Pourtant, ils sont ceux qui en profitent le plus, et jusqu’à l’abus parfois.
Le prix relativement réduit pour l’achat des produits pétroliers -dopé par la subvention- encourage les industriels à choisir des solutions de facilité, à investir moins dans l’optimisation énergétique, tant que le coût d’exploitation reste économiquement plus intéressant.
Parfois, des sources alternatives d’énergie ou des procédés d’optimisation de la consommation peuvent exister.Ils ne sont pourtant pas considérées par les entrepreneurs pour raison de profitabilité économique.Ainsi, ils préfèrent les réseaux publics de l’électricité ou utiliser le gasoil, subventionnés et moins chers.
D’autre part, il n’existe aucune imposition légale qui pousse les sociétés à changer de stratégie ou à les réviser. Même les campagnes de sensibilisation qui ont recours à des énergies alternatives (solaire, optimisation de la consommation, etc.) sont incitatives et –elles mêmes- souvent subventionnées, dans une continuité de cette mentalité de l’«Etat-providence ».
Encore plus curieux, le faible coût de l’énergie constitue l’un des facteurs de choix pour plusieurs sociétés exportatrices qui décident de s’installer, ou sont déjà installées, en Tunisie.
Il est bien d’encourager les investisseurs étrangers à venir s’implanter en Tunisie et créer de l’emploi (faiblement rémunéré) pour notre jeunesse au chômage, mais il reste toutefois remarquable de voir comment la caisse de compensation nationale, payée par le contribuable tunisien, sert à subventionner le produit allemand, français ou italien, pour renforcer sa compétitivité sur les marchés internationaux ! Cela ne s’arrête naturellement pas au niveau de la subvention de l’énergie puisque, souvent, d’autres subventions viennent s’ajouter: exonérations d’impôts, de charges sociales, programmes d’incitation à l’emploi des jeunes...
Facture salée, mesures simplistes
La facture énergétique s’est multipliée durant les dernières années, atteignant des seuils insupportables par l’économie nationale. Les réponses entreprises pour faire face à cette situation ont souvent manqué de pertinence, voire de sérieux parfois. Le meilleur exemple, c’est celui entrepris pour réduire la facture de l’éclairage public, où nos rues et nos routes sombrent dans un noir tamisé, effet de la politique de « laisser un luminaire sur deux d’allumé dans les villes et sur les autoroutes ».
Ce n’est pas par ce genre de pratiques, ou par le biais de campagnes de sensibilisation télévisées, ou suite à l’installation de quelques panneaux photovoltaïques que la balance énergétique nationale va se redresser. La situation est bien plus délicate que cela, et nécessite un vrai courage politique et la révision de bon nombre de choix et d’approches.
Même si la trésorerie nationale a pu reprendre son souffle lors de la dernière année, avec la chute des cours du brut, il faut rapidement entreprendre de vraies reformes sur la question, et avant que les prix du pétrole ne s’envolent à nouveau.
On ne peut naturellement pas penser à tout changer du jour au lendemain, mais il faut dresser un plan de travail sur une période de dix ans qui permettra de mettre en place, de manière progressive, de nouveaux mécanismes, plus rationnels et plus efficaces pour la subvention.
Il faut surtout garder à l’esprit que l’idée est que la subvention doit être l’exception et non la règle. En d’autres termes, il faut qu’elle profite aux classes pauvres,sans affecter les classes moyennes, et puis qu’elle serve également à soutenir les produits locaux et protéger les activités fragiles dans les secteurs de l’industrie, de l’artisanat ou de l’agriculture.
Les secteurs et classes sociales qui ne sont pas dans le besoin ne doivent pas bénéficier des subventions, et doivent être graduellement levées.
Pour amortir les impacts sur cette tranche sociale et économique, il faut stimuler les efforts d’optimisation et rationalisation de la consommation énergétique, notamment pour les secteurs les plus consommateurs.
Ceci requière des investissements, certes, mais aussi un travail profond sur les mentalités, qui et doit être appuyé par une gerbe de mesures légales et financières qui imposent le changement des pratiques et pousseront les consommateurs, personnes ou établissements, à devenir activement sensibilisés par rapport à la question de l’énergie, et à mieux contrôler leur habitude de consommation.
Les efforts de maîtrise de l’énergie, la rationalisation de la consommation et la réduction des pertes, ne doivent pas rester dans le cadre de l’«incitation». De même il est nécessaire d’encourager, de manière durable et automatique, les entrepreneurs et particuliers à adopter des méthodes à forte efficacité énergétique. Ce qui a pour conséquence l’instauration d’amendes et de surtaxations à l’encontre de ceux qui ne s’impliquent pas dans l’effort d’optimisation énergétique, et autres « gaspilleurs » d’énergie, afin de compenser les sommes dont ils profitent indirectement via les subventions.
Il est également naturel d’encourager l’auto-génération de l’énergie ; surtout lorsque cela porte sur les énergies renouvelables tels que le solaire ou le géothermique. La loi qui permet de revendre l’excès d’électricité produite sur les réseaux de la STEG doit encourager davantage de gens à aller de l’avant dans cette approche. Ceci permettra aussi de promouvoir la culture des énergies propres et la création d’un tissu économique nécessaires pour le développement de ce secteur (sociétés de maintenance, techniciens spécialisés, pièces de rechange…)
Sur un autre registre, l’Agence Internationale de l’Energie (IEA) considère que la plus importante des ressources énergétiques dont disposent tous les pays aujourd’hui, peu importe leurs réserves, est l’efficacité énergétique. En améliorant l’efficacité énergétique de 1%, ceci équivaut à une découverte d’un important champ de pétrole ; sans parler de la pérennité de l’action, comparée aux autres ressources épuisables.Cette réalité prend encore plus d’ampleur en Tunisie avec l’association du facteur de la subvention à celui de la consommation.
Souvent, ces deux volets sont négligés par rapport aux autres aspects liés à la production et à la distribution, mais il peut être surprenant de découvrir les quantités d’énergie -et d’argent- que l’on peut économiser moyennant de simples ajustements techniques ou de petites améliorations. Des ressources que la caisse ne peut se permettre de négliger au vue de sa difficile situation.
Hamed El Matri
SOLIDAR - Tunisie
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