ÉVALUATION MI-CHEMIN DES OBJECTIFS DU PLAN DE DÉVELOPPEMENT 2016-2020
novembre 2019

Le Plan de développement 2016-2020 est venu pour annoncer certaines réformes de restructuration qui touchent essentiellement la fonction publique, la fiscalité, les entreprises publiques, le système de retraite et de sécurité sociale. L’objectif de son élaboration est d’assurer le parachèvement du cadre institutionnel ; garantir la sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme ; consolider la paix sociale ; rétablir les valeurs du travail ; instaurer les fondements de la décentralisation et renforcer le rôle stratégique de l’Etat et du secteur privé, considéré le moteur de la croissance, mais aussi un partenaire actif et un pilier pour l’économie sociale et solidaire.
Le programme de réforme économique adopté par le gouvernement vise une croissance économique socialement responsable. Une croissance robuste et endogène alimentée par une croissance de la production, de la productivité et de l’emploi. Les politiques budgétaires cherchent à mobiliser des recettes et à contenir les dépenses courantes afin de réduire le fardeau de la dette publique et d’accroître les investissements ainsi que les dépenses sociales pour une croissance durable et inclusive. La politique monétaire tente de maîtriser l’inflation et de maintenir la flexibilité du taux de change afin de contribuer au renforcement des réserves de change. Dans le cadre des politiques sociales, le gouvernement a opté pour une augmentation des transferts sociaux aux ménages vulnérables avec une politique de ciblage pour un meilleur impact. Les réformes structurelles cherchent aussi le renforcement de la gouvernance, l’amélioration du climat des affaires, la soutenabilité des institutions fiscales ainsi que le développement du secteur financier. Le plan de développement s’appuie sur une approche participative, un développement régional par la discrimination positive et la promotion des énergies vertes.

Les objectifs du plan de développement quinquennal 2016-2020 sont articulés comme suit :

  • Un taux de croissance de 4 %
  • Réduction du taux de pauvreté à 2 %
  • Augmentation du taux d’investissement de 25 %
  • Création de 400000 emplois
  • Réduction du taux de chômage à 12 %
  • Augmentation du taux d’épargne nationale à 18 %
  • Réduction du secteur informel à 20 % du PIB

Pour atteindre ces objectifs, le plan de développement s’est basé sur cinq axes :
Axe1 : Bonne gouvernance, réforme de l’administration publique et mesures contre la corruption ;
Axe2 : La Tunisie un Hub économique ;
Axe 3 : Développement humain et inclusion sociale ;
Axe 4 : Concrétisation des ambitions des régions,
Axe 5 : Un développement durable basé sur l’économie verte.

L’objectif principal de cette étude est de présenter une évaluation du plan de développement 2016-2020 et les recommandations stratégiques et méthodologiques. Plus précisément, on cherche dans une première section à diagnostiquer la situation économique et socioéconomique du pays au cours de la période 2016-2018 et de faire une confrontation entre ce qui a été réalisé et les objectifs du plan dans la seconde section.

1. Évaluation de la situation économique et socioéconomique en Tunisie
Le plan de développement quinquennal a fixé différents objectifs susceptibles d’être réalisés grâce aux projets annoncés. La comparaison entre ces objectifs du plan et les réalisations sur la période 2016-2018 nous a permis de tirer une première évaluation de l’efficacité des politiques économiques adoptées (Tableau 1). En moyenne, la Tunisie a réalisé un taux de croissance du PIB de l’ordre de 1,8% qui est bien en dessous des prévisions du plan de développement avec un taux de 4%. Ce manque de performance est principalement expliqué par un faible taux d’investissement soit 18,8% qui est inférieur aux objectifs du plan de 6,2% (le taux prévu est de 25%). En effet, suite à une certaine instabilité politique, aux continuelles menaces sécuritaires et à un climat des affaires défavorable, la Tunisie se trouve incapable non seulement d’attirer les IDE, mais aussi de retenir les capitaux sur son territoire national. En outre, le taux d’épargne réalisé (9,6%) est jugé faible par rapport à ce qui a été prévu dans le plan (18%) ce qui ne permet pas de booster l’investissement intérieur. La période postrévolutionnaire se distingue aussi par l’augmentation du fléau du secteur informel dont la part par rapport au PIB est de 55% en 2018 alors que le plan quinquennal 2016-2020 a prévu sa réduction à un seuil de 20% ce qui a eu des répercussions sur les indicateurs socio-économiques. Le manque d’investissement s’est traduit systématiquement par un manque à gagner en termes de création d’emplois. Le plan de 2016-2020 présente un ambitieux objectif de création de 400000 emplois alors que les réalisations n’ont atteint que 109000 postes. Une telle situation explique bien l’incapacité de l’économie à absorber le chômage existant puisque son taux stagne à un seuil relativement élevé de 15,39% alors que celui prévu par le plan est de 12%.

La comparaison des objectifs à l’horizon 2020 et les indicateurs réalisés sur la période 2016-2018 sont résumés comme suit :

Tableau 1: Comparatif des indicateurs macro-économiques

Objectifs du plan de développement 2016-2020 Réalisation 2016-2018 Écart par rapport aux objectifs du plan
Un taux de croissance de 4 % 1.8% - 2,2%
Réduction du taux de pauvreté à 2 % 15,2% (2015) Non disponible
Augmentation du taux d’investissement de 25 % 18,8% -6,2%
Création de 400000 emplois 109000 emplois - 291000 emplois
Réduction du taux de chômage à 12 % 15,39 % -3,39 %
Augmentation du taux d’épargne nationale à 18 % 9,6% -8,4%
Réduction du secteur informel à 20 % du PIB 52% en 2015
55% en 2018
-35%

Source : Plan de développement 2016-2020 et rapport d’évaluation du plan de développement 2016-2020

 

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